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Pourquoi est-il urgent de légaliser le cannabis en France ? L’arrêt des trafics

Dernière mise à jour : 9 nov. 2021


Avec une consommation annuelle de résine et d'herbe estimée à entre 370 et 580 tonnes par an (30 tonnes par mois), le cannabis reste le premier marché de stupéfiants en France. Selon les chiffres du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), quelque 100 tonnes de cannabis, dont 76 tonnes de résine, ont été saisies en 2018 soit une augmentation de 18 % par rapport à 2017. La majorité du cannabis importé en France viens donc du Maroc.


Les dernières statistiques de l’OFDT dénombrent 4,6 millions de consommateurs de cannabis à l’année (au moins 1 fois dans les 12 derniers mois), dont 1,4 réguliers (au moins 10 fois par mois) et 700000 quotidiens (au moins 1 fois par jour). Avec près de 5 millions de consommateurs annuels de cannabis, dont 1,4 millions de consommateurs réguliers (10 fois par mois en moyenne), notre pays est le premier pays consommateur de cannabis en Europe. Pourtant, la France n'a toujours pas légalisé cette plante aux effets planants bien connus. Fréquemment relancé au sein de l'Hexagone, ce débat se heurte à des questions d'ordre sécuritaire (légaliser le cannabis permettrait de diminuer les réseaux de trafiquants), opposées à des arguments relatifs aux enjeux sanitaires (la marijuana attire principalement les jeunes). Ces dernières années, plusieurs entités ont plaidé pour une législation assouplie de l'accès au cannabis, à l'instar du laboratoire d'idées Terra Nova, qui suggère une légalisation "raisonnée" dans une étude publiée le vendredi 9 octobre. En juin 2019, c'est un rapport du Conseil d'analyse économique qui préconisait de modifier la législation, en la rendant similaire à des pays comme l'Uruguay ou le Canada, qui ont respectivement autorisé l'usage récréatif du cannabis en 2013 et en 2018.



Investissements au Maroc

Les réseaux sont constitués d’une petite équipe de deux à cinq personnes ou peuvent former une vraie PME. C’est le cas du « supermarché » de la Tour K, dans la cité marseillaise de la Castellane, qui a fait l’objet d’un procès impliquant 28 prévenus en 2015. A la tête de trois points de vente, le gérant, Nordine Achouri, dit Nono, encaissait plus de 20 000 euros de bénéfice par jour, pour un chiffre d’affaires de 48 000 euros (17,6 millions à l’année). Même en incluant les frais annexes (armes, avocat, protection), les bénéfices restent plantureux. Ils contrastent avec les salaires peu élevés des petites mains du deal (lire ci-contre) : les charbonneurs, chargés de vendre le cannabis, les guetteurs, appelés chouffes, les nourrices, qui cachent les stocks dans leur appartement, et les coupeurs, qui taillent les barrettes.


Les profits du trafic sont généralement réinvestis dans l’immobilier au Maroc, où les trafiquants peuvent avoir des attaches familiales, plus rarement dans les Emirats, voire en Thaïlande. « Ils ont peu de patrimoine en France et prennent garde à ne pas afficher un train de vie qui attirerait l’attention du fisc ou de Tracfin, la cellule de renseignement de Bercy », explique Vincent Le Beguec. Des banquiers occultes - les « sarafs » - collectent les espèces issues du deal, paient les fournisseurs et réinjectent le reste dans l’économie légale selon des circuits de plus en plus élaborés. Dans l’affaire « Virus », jugée fin 2018, le cash était remis à des cols blancs parisiens qui détenaient des comptes suisses non déclarés et voulaient rapatrier leur argent à l’abri du fisc. En échange, ils effectuaient des virements vers les comptes des trafiquants à l’étranger, grâce à la complicité de banquiers d’HSBC. De quoi blanchir à la fois l’argent de la drogue et de la fraude.


Mafieux et indépendants

Les passeurs sont des Marocains de Tanger ou de Casablanca, des Européens aussi. Des camions entiers quittent Ketama, franchissant sans problème tous les barrages des douanes ou de l’armée. Ici, ce n’est un secret pour personne : quelques dizaines ou centaines de dirhams permettent de se jouer de n’importe quel contrôle.

Nordine fait partie de ces fourmis du haschich. C’est ce qu’on appelle une « mule » en jargon policier. Dans sa vieille Mercedes, il convoie 5 à 10 kilos par voyage, qu’il livre à Tanger, « à des amis ». Par voyage, il avoue empocher 2.500 dirhams (environ 250 euros), plus le remboursement des frais. De Tanger, les mafieux locaux, ou des indépendants, n’ont plus qu’à faire passer le produit en Espagne. Des caches sont installées dans des voitures et des camions. Des vedettes ultra-rapides quittent la côte, de nuit. En guère plus d’une heure, elles ont fait l’aller et retour. Quarante-huit heures plus tard, le haschich, débité en barrettes de quelques grammes, est déjà à Amsterdam, Paris, Nancy… à Laxou, au Haut-du-Lièvre, ou dans les poches de votre ado, qui sait ?


Le Rif

La chaîne montagneuse du Rif possède la plus vaste surface agricole au monde consacrée au cannabis. Une zone représentant, sur la carte, un carré de 40 kilomètres de côté, avec au centre Ketama, constitue l’épicentre du phénomène.


Une tolérance est accordée par le roi. Le kif, comme on l’appelle ici, est cultivé dans cette zone reculée du Maroc depuis plus de cinq siècles.


On estime à près de 140.000 hectares la surface plantée, soit entre 40 et 50% de la production mondiale. Activité économique majeure de la région, la culture et le trafic de la drogue représentent probablement la première source de devises du Maroc, avant le tourisme.


La production annuelle de haschich marocain est évaluée à plus de 100.000 tonnes, qui engendrent près de 2 milliards d’euros de revenus. Le Maroc est le premier producteur de haschich du monde et le premier fournisseur de l’Europe. Différentes qualités de haschich sont produites dans le Rif à partir de diverses variétés de chanvre. Les producteurs commercialisent du pollen, de la résine de cannabis (le shit), obtenue par pressage du pollen, ou encore de l’huile. Certains trafiquants mélangent d’autres ingrédients, parfois toxiques, au cannabis d’origine pour augmenter leurs bénéfices.


Serge B,



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